Délivré·es des trajets et de la routine du bureau, déchargé·es des tâches les plus ingrates par les robots : la dématérialisation du travail entretient nos rêves de libération du labeur. Le travail que je veux, où je veux, quand je veux. Mais les outils numériques qui ont façonné une nouvelle société du travail produisent aussi un effritement de la société salariale, vers toujours plus de précarisation des travailleur.euses. Et si recréer du collectif était un impératif, le chaînon manquant dans l’apparition d'un nouveau rapport au travail ? Ce dossier s'ouvre par une infographie d'un siècle de transformations du taylorisme au télétravail. Dans un entretien, Anca Boboc revient sur les usages des technologies numériques au travail, en particulier sur la capacité des salariés à ajuster les outils numériques au regard de leur activité, le sens et la valeur ajoutée qu'ils leur trouvent , collectivement, dans un contexte donné. Elle évoque également la notion de la fin du travail. S'ensuivent 6 portraits de métiers derrière les machines : une traductrice de l'ombre de "marketplace", un trader de cryptomonnaies, un ingénieur IA dans le domaine de la santé, une experte en réalité virtuelle. Un article évoque le travail des enfants influenceurs. La seconde partie du dossier est consacré au travail à distance : la mise en place d'un accord télétravail en relevant le défi dans les organisations de favoriser l'autonomie sans rompre le lien social, ni creuser les inégalités, les effets de la dématérialisation de la négociation collective sur le travail des IRP, les risques sur la santé d'une forte intensité de télétravail et de la sédentarité. Marie Bendetto-Meyer aborde la double face du numérique : il produit des outils libérateurs dans l'organisation de ses tâches et favorisent l'autonomie au travail, et certains outils se révèlent contraignants. Le télétravail doit être cadré avec des règles claires pour fonctionner.
Intelligence artificielle, robotique, processus automatisé : la technologie est partout dans le monde du travail. Serge Abiteboul, Catherine Simon, Gregory Verdugo et Jade le Maître cadrent les enjeux du débat.