
Quelles sont les conditions de travail qui contribuent le plus aux difficultés de recrutement dans le secteur privé ?
06/2022
71% des employeurs interrogés dans le cadre de l’enquête Conditions de travail 2019 signalent avoir eu des difficultés à recruter sur des postes vacants au cours de l’année écoulée. Ces problèmes sont le plus souvent attribués à une pénurie de personnel qualifié, mais le rôle des conditions de travail apparaît lui aussi important, notamment pour les employés et ouvriers. Ainsi, les employeurs qui signalent que leurs salariés sont exposés à des conditions de travail difficiles sont plus nombreux (85%) à connaître des difficultés de recrutement. Les horaires atypiques ou imprévisibles ainsi que la difficulté à pouvoir faire un travail de qualité sont parmi les expositions professionnelles les plus associées aux difficultés de recrutement. Même quand l’employeur ne les évoque pas explicitement, la plupart des conditions de travail demeurent significativement corrélées aux problèmes de recrutement. Lorsque la pénurie de personnel qualifié est le seul facteur cité comme obstacle au recrutement, le travail empêché, les horaires imprévisibles et le travail dans l’urgence contribuent statistiquement aux difficultés d’embauche (risque relatif accru de plus de 30% dans les deux cas).
Les difficultés de recrutement sont d'autant plus sérieuses pour l'entreprise qu'elle peine à fidéliser ses salariés. Un établissement sur quatre indique avoir "des difficultés à retenir certaines catégories de personnel". Ces problèmes de fidélisation sont bien plus fréquents lorsque l'employeur a eu du mal à recruter à cause des conditions de travail ou du salaire proposé, que lorsqu’il n’y a pas de problèmes de recrutement ou lorsqu’il est confronté à une pénurie de personnes qualifiées. De fait, le lien est fort entre les problèmes de fidélisation du personnel et les conditions de travail. Les proportions d’établissements concernés par les difficultés de fidélisation passent ainsi de 11 à 35% selon le degré d’exposition aux contraintes physiques3, et de 19 à 39% pour les contraintes psychosociales.
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