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Vignette document Redonner du sens au travail. Une aspiration révolutionnaire

Les questionnements sur le sens du travail n’ont jamais été aussi nombreux. La pandémie de Covid a provoqué un débat sur les travailleurs "essentiels", qui sont pourtant moins payés et considérés que les "premiers de cordée". Quant à la crise écologique, elle impose de réorienter nos emplois. Dés avant la crise sanitaire, les interrogations montaient déjà, comme l'avait repéré David Graeber qui a forgé le concept de bullshit job.
Depuis 30 ans, les recettes rigides du le management par les chiffres a envahi le secteur privé comme la fonction publique ont participé à l'appauvrissement du travail, à "réduire la part vivante du travail". Fut un temps, l'on cherchait avant tout à occuper un emploi ; aujourd’hui, il se pourrait bien que la priorité soit donnée au sens du travail.
Les recherches sur la souffrance au travail depuis 20 ans ont analysé la montée des risques psychosociaux sans, le plus souvent, s'intéresser à ce qui fait sens au travail. C'est sur ce point que les deux auteurs, l'une, socio-économiste et l'autre statisticien et économiste, souhaitent apporter un éclairage. Postulant que le travail prend son sens (politique) au regard de ses enjeux de transformation, dont ils explorent les 3 dimensions : l'impact du travail sur le monde (l'utilité sociale), sur les normes de vie en commun (la cohérence éthique), et sur les travailleurs eux-mêmes (la capacité de développement).
Les auteurs proposent un décryptage de ce qui donne du sens au travail. Les professions dans lesquelles les travailleurs trouvent le plus de sens présentent la particularité quelque soit le niveau de qualification, de placer le la salarié.e en relation avec le public ou les clients. Ils se penchent sur les facteurs de perte de sens : le management par les chiffres, la multiplication des rapports d'activité, la contrainte actionnariale, les changements répétés de gouvernance... Parmi les conflits éthiques au travail, la prise en compte de l'écologie commence à compter. Les auteurs parlent de "conflit éthique environnemental" ou de "remords écologique".
Ils font état d'initiatives collectives pour redonner du sens, en passant par la remise en question des modes de gouvernance et d'organisation actuels. Les auteurs analysent les 3 types de réponses : la démission individuelle, la prise de parole collective (via les syndicats) et l'engagement dans l'économie des communs (scop et coopératives).