
Les Français au travail : dépasser les idées reçues
02/2023
Cette enquête, réalisée avec l'appui du cabinet de conseil Kearney pour l'analyse économétrique des résultats du sondage mené en septembre 2022 auprès de 5001 actifs français (salariés et indépendants, secteur public et privé) par Kantar Public, dresse un état des lieux des grandes questions actuelles qui concernent le travail. Elle aborde 5 thématiques clés : la satisfaction des Français au travail ; l'évolution du temps de travail ; les conséquences de la démocratisation du télétravail ; le rapport des actifs avec la retraite et la fin de carrière et à leur évolution professionnelle.
La charge de travail apparaît problématique : 60% des actifs interrogés considèrent qu'elle a augmenté au cours des cinq dernières années. 24% des salariés et 18% des indépendants la jugent même "excessive" : 31% dans les secteurs de la santé, du social et de la culture et 30% au sein des professions intermédiaires. La plupart des facteurs qui expliquent le ressenti de cette charge de travail "excessive" sont d’ordre subjectif : une relation dégradée avec le management, une faible autonomie au travail. La pénibilité psychique est fortement ressentie : 47% des actifs interrogés estiment que leur travail est psychologiquement pénible.
La durée du travail est relativement stable et supérieure à 35 heures. En moyenne, les salariés à temps plein qui considèrent leur charge de travail comme "non excessive" travaillent 37 heures par semaine (40,8 heures pour les indépendants), indique l’étude. Les horaires atypiques sont devenus la norme, concernant aujourd’hui 60% des actifs. Seulement 40% des salariés à temps plein (et 13% des indépendants) ne travaillent ni après 20 heures, ni le week-end, ni les jours fériés. La part des salariés en forfait jours (14%) a augmenté.
En matière de temps de travail, les aspirations semblent très contrastées : 31% des sondés voudraient "travailler plus pour gagner plus", notamment chez les plus faibles revenus. Soit plus du double de ceux (15%) qui seraient prêts à "travailler moins quitte à gagner moins".
L'explosion du recours au télétravail, avec 40% des salariés le pratiquant au moins occasionnellement fin 2022, contre seulement 7,4% en 2017, selon l'Insee, provoquant un clivage. 49% des salariés se déclarent insatisfaits du télétravail car ils ne peuvent pas le pratiquer ou pas autant qu'ils le voudraient. Pour les 60% n'ayant pas accès au télétravail, en majorité des professions pour lesquelles ce n'est pas possible, c'est un "motif de forte frustration".
44% des sondés souhaitent partir de manière anticipée à la retraite, quitte à voir leur pension réduite. 41% estiment qu’ils voudraient un aménagement des conditions de travail avant le départ à la retraite. L’analyse de Kearney permet de visualiser un profil type de ces répondants : c’est un salarié d’une ancienneté d’au moins 15 ans, qui n’envisage ni reconversion, ni mobilité professionnelle.