
L’effervescence autour de cette nouvelle génération d’IA, entretenue par les multinationales de la tech, offre l’opportunité de (re)questionner les enjeux sociaux, économiques, éthiques, démocratiques liés à cette accélération du progrès technique. Christine Labbe fait le point sur les risques identifiés et émergents de l'introduction accélérée de l'intelligence artificielle (IA) générative. Elle soulève l'enjeu en entreprise de décider des potentiels d'automatisation de certains métiers, non pas à l'aune des possibilités technologiques mais à partir des choix collectifs, impliquant réflexions et dialogue à tous niveaux : entreprises, branches professionnelles, territoires ... Raja Chatila et Laurence Devillers évoquent les enjeux d'information et d'éducation des citoyens sur les capacités et les limites des systèmes complexes d'IA : défaut de transparence, risque de désinformation, de discrimination. Pour Matthieu Trubert et José Finote, L'IA recouvrant des sujets intrinsèques à la transformation numérique du travail (droit à la déconnexion, travail hybride, ... il est essentiel de refonder le dialogue social, plaidant pour une approche dynamique d'expérimentation et de questionnements récurrents et réversibles associant l'ensemble des parties prenantes. Pierre Bérastégui aborde les risques émergents liés à la numérisation du processus de travail (par gestion algorithmique notamment), observés sur le terrain d'études : surcharge mentale, réduction des marges de manœuvre, atteinte à leur expertise. Pour Valérie Lefebvre Haussmann, dans un contexte de 20 ans de la gestion algorithmique dans les banques et compagnies d'assurances, le déploiement de l'IA générative impose de renforcer les prérogatives des IRP et d'éviter les suppressions d'emploi. D'un point de vue des risques organisationnels, les pertes de marge de manœuvre et de relations "entre humains" se conjuguent pour mettre en difficulté les collègues ayant le plus d'ancienneté, qui ne reconnaissent plus leur métier. Pablo Aiquel, Delphine Banas et al. évoque, dans le cadre du déploiement de l'IA générative dans les médias, la charte de Paris sur l'IA et le journalisme qui énonce des principes pour garantir l'intégrité de l'information et préserver la fonction sociale du journalisme mais qui n'est pas contraignante. Nathalie Greenan s'intéresse au besoin d'espaces délibératifs de la transformation numérique en entreprise. Parce qu'elle porte notamment une dimension apprenante et évolutive, l'IA générative peut justifier des adaptations dans les outils mobilisés par le dialogue social c'est en sens que quatre consultants de Secafi font des propositions telles que le recours négocié et encadré à des modalités d'expérimentation et d'observation des outils pour réaliser un diagnostic d'impact du projet éclairant sur les incidences potentielles de ces technologies sur les salariés et les risques associés. Layla Glaise pointe les droits et les lacunes de l'AI Act, règlement européen sur l'IA , adopté le 2 février 2024, plaidant pour une directive européenne sur l'utilisation des algorithmes au travail. Enfin, Christy Hoffman aborde le besoin de garantir le pouvoir de négociation des travailleurs face aux défis de cette nouvelle révolution technologique pour limiter les excès de la gestion algorithmique, le risque d'une aggravation des inégalités femmes/hommes et revient sur la longue grève des scénaristes de la Writers guild of America et l'accord novateur issu des négociations.