
Partir ou passer à temps partiel : inégalité des effets des restructurations selon le genre
Les autrices examinent les inégalités de genre lors d'un plan de restructuration d'entreprise basé sur l'autosélection. A partir de l'exemple d'une compagnie aérienne, elles constatent que les hommes sont plus susceptibles d'accepter un départ volontaire que les femmes, et ce, dans le but de créer une entreprise. Les femmes qui optent pour le plan de départ volontaire (PDV) quittent souvent le marché de travail définitivement, d'autant plus lorsqu'elles ont des enfants et que leur conjoint peut compenser la perte de revenu. Cet écart peut aussi s'expliquer par le fait que "les femmes ont une plus grande aversion au risque que les hommes et ont moins de chances de retrouver un emploi en dehors de la compagnie".
D'autre part, les femmes sont plus enclines à choisir le dispositif de temps partiel aidé que les hommes, souvent pour mieux concilier travail et vie familiale. Les hommes font ce choix pour des raisons en lien avec leur carrière et loisirs, et perçoivent ce dispositif comment étant une situation transitoire. Par ailleurs, l'écart entre les sexes en matière de temps partiel est beaucoup plus faible lorsque la réduction du temps de travail donne lieu à une compensation financière. Le dispositif de temps partiel aidé peut réduire les inégalités entre hommes et femmes à court terme (par l'augmentation du pourcentage d'hommes à temps partiel) tout en creusant ces inégalités à plus long terme (en incitant un plus grand nombre d'hommes à faire une utilisation stratégique du dispositif).
Les restructurations des entreprises semblent donc amplifier la précarité des femmes sur le marché du travail, qu'elles soient organisées par des processus descendants ou par une autosélection.