L'apprentissage, un vaccin contre le chômage des jeunes. Plan d'action pour la France tiré de la réussite allemande
05/2015
L’apprentissage est une formule plébiscitée aussi bien en France qu’en Allemagne, si l’on en croit les sondages d’opinion. Ses vertus, tant en matière d’insertion des jeunes dans l’emploi qu’en termes de satisfaction des besoins des entreprises en main d’oeuvre qualifiée ne font aucun doute. Conscients qu’il y a là un levier majeur pour améliorer l’emploi des jeunes, les gouvernements français ont multiplié depuis les années 1980-1990, les plans, rapports, concertations et lois sur le sujet. Les moyens financiers publics qui y sont consacrés ont vivement progressé (+ 56 % de 2004 à 2012). Pourtant, à l’exception d’un rebond dans les années 1990 et, plus récemment, de 2004 à 2008, l’apprentissage marque le pas en France, sauf dans l’enseignement supérieur. Plus inquiétant, il chute de manière spectaculaire depuis 2012 (– 46 000 apprentis de septembre 2012 à septembre 2014).
Dans ce domaine, la comparaison avec le modèle allemand (« système dual »), à la fois plus massif et apparemment plus efficace, est un véritable pont-aux-ânes. Toutefois, et malgré quelques publications récentes sur ce sujet2, l’analyse, en France, du fonctionnement de l’apprentissage outre-Rhin est rarement poussée au-delà des généralités. Les constats généraux sont connus : nos deux pays présentent des différences fondamentales dans l’organisation de l’enseignement secondaire dès le premier cycle du secondaire, ainsi que des différences « culturelles » dans nos systèmes éducatifs comme au sein de l’entreprise. Nous avons souhaité dans ce travail apporter des analyses et des comparaisons précises et examiner quelles conclusions opérationnelles pourraient en être faites pour améliorer la situation de l’apprentissage en France.
Une analyse approfondie du cas allemand révèle ainsi que, malgré ses insuffisances et les interrogations qu’il suscite outre-Rhin, plusieurs de ses éléments gagneraient à être transposés dans le système français mutatis mutandis. C’est dans cette optique que la présente étude procède à une analyse croisée des systèmes allemands et français d’apprentissage. Au-delà des comparaisons statistiques, juridiques et financières, elle débouche sur des réformes précises et radicales du système de l’apprentissage en France. Ces propositions se donnent pour but à la fois d’amener davantage de jeunes vers l’apprentissage, de revaloriser cette voie et d’augmenter la capacité des entreprises et des centres de formation d’apprentis (CFA) à les accueillir et à les former dans de bonnes conditions.