Les entreprises dans le processus d'insertion des débutants. Trois angles d'approche
10/2011
L'entreprise, via ses pratiques de recrutement et d'intégration de la main d'oeuvre, structure le processus d'insertion professionnelle des jeunes. Cet impact étant encore peu formalisé, les auteurs proposent une exploration à trois niveaux d'observation : le fonctionnement du marché du travail, les pratiques de recrutement des entreprises et les conditions de l'intégration une fois le débutant recruté.
La première partie montre comment la conception de l'entreprise, la construction de l'espace professionnel sur la base des rapports éducatifs, organisationnels et industriels, entre autres, ont inspiré et enrichi tout un pan de recherches sur l'insertion professionnelle. Ces différents éléments conduisent à questionner les pratiques et les concepts mobilisés à la fois dans les analyses du système éducatif et du marché du travail. La deuxième contribution s'intéresse aux pratiques de recrutement de jeunes débutants par les entreprises. S'appuyant sur les données d'une enquête statistique auprès d'entreprises, elle montre qu'il n'existe pas de sélectivité systématique à l'égard des débutants, mais plutôt une diversité de contextes et de procédures plus ou moins favorables à leur recrutement.
La troisième contribution étudie ce qu'il se passe une fois que le jeune a intégré l'entreprise, les facteurs qui contribuent à la stabilisation d'un individu dans un emploi et une entreprise donnés. L'auteur recourt au cadre théorique de la socialisation organisationnelle. Cette approche observe une interaction concrète entre un salarié, un poste de travail, un groupe et une organisation. Ainsi, à partir d'une étude de cas multiple réalisée dans cinq PME, l'auteur identifie plusieurs origines aux difficultés d'appariement entre l'individu débutant et l'entreprise. Elles peuvent notamment provenir de conflits ressentis par les recrues et/ou les membres en place de l'entreprise concernant leurs comportements, normes et valeurs respectifs, ou encore du manque de disponibilité des salariés en place. Les conditions de l'intégration ne sont pas données ; dirigeants et managers ont des marges de manœuvre pour réussir l'appariement individu/organisation.