L'expérience peut être un atout dans le travail, même en phase de changement, elle permet aux opérateurs de s’orienter dans les nouvelles situations, de construire des modes opératoires efficients à partir de ceux acquis précédemment. Dans les phases où le changement est plus proche d'une rupture fondamentale, l'expérience devient alors éventuellement un obstacle. Dans ces cas-là, si la discontinuité est trop importante, trop fréquente, elle se traduit par une impossibilité de développement, de création, elle induit une réduction et des empêchements dans le travail et dans la construction de l’expérience. En situation de rupture, l'expérience offre finalement une certaine résistance, que certains ont pu appeler « résistance au changement », et qui renvoie davantage à des éléments liés aux conditions de mise en œuvre du changement qu'à des propriétés intrinsèques des personnes. Des monographies de terrain illustrent les relations entre expérience et changement dans le travail tout au long de la vie dans le secteur de la pétrochimie, chez les cadres administratifs des collectivités territoriales sur les agents de Pôle emploi, dans la période qui a suivi la fusion ANPE/Assedic et à la SNCF, sur les changements technologiques et organisationnels. Des études diverses portent sur les "changements de règles" dans les systèmes de travail concernant une interrogation critique sur la notion même de nouveauté dans l’entreprise. Enfin des analyses statistiques et des démarches plus cliniques complètent le panorama à propos des changements techniques et managériaux dans le privé et le public, l'enquête sociologique concernant les risques psychosociaux chez France Télécom.