
Du temps contraint au temps construit : vers une organisation capacitante du travail en horaires alternants et de nuit
Dans un contexte d’expansion constante des horaires atypiques, en particulier alternants et de nuit, l’approche systémique et constructive de l’ergonomie permet d’envisager l’organisation temporelle du travail comme pouvant concourir à la qualité du travail, à la sécurité et la fiabilité des systèmes, ainsi qu’à la santé des hommes et des femmes concernés par ces horaires.
Après avoir rappelé les effets délétères généralement associés à la pratique d’horaires alternants et de nuit, l’objectif de ce chapitre est de montrer que l’organisation du temps de travail peut aussi être respectueuse de l’état de santé des salariés et peut même, sous certaines conditions, contribuer au développement d’habiletés, de savoir-faire et de compétences favorables à un parcours professionnel réussi. L’analyse conjointe du travail effectué, des caractéristiques individuelles des salariés qui en ont la charge, de ce qu’ils élaborent constamment comme stratégies dans le travail, et ce au fil des mois et des années, permet d’envisager nombre de leviers d’action. Les effets néfastes du travail posté demeureront sûrement mais les options organisationnelles retenues par les entreprises peuvent considérablement jouer : sans annuler ces effets, elles peuvent les réduire en favorisant le développement des hommes et femmes au travail, et ce, au sein d’un parcours professionnel pensé et construit.
Ce chapitre se focalisera sur les horaires alternants et/ou de nuit car ils sont, parmi l’ensemble des horaires atypiques, les plus répandus et donc ceux qui ont focalisé l’attention, tant au niveau scientifique qu’aux niveaux économique, politique et social… (extrait).