
Les salariés sont pris dans un dilemme qui les met en grande vulnérabilité. Au-delà du besoin financier qui les tient, et malgré les contraintes permanentes qu'impose la subordination inscrite dans leur statut, ils ont pour leur travail de réelles aspirations en termes de sens, d'utilité sociale, d'identité professionnelle et citoyenne.
Cette situation permet aux directions d'entreprise d'asseoir et de pérenniser leur emprise sur leurs salariés, de façon de plus en plus savante et sophistiquée. En stimulant et exacerbant les désirs qui sous-tendent leur rapport au travail, elles parviennent à imposer de nouvelles méthodes d'organisaiton et d'implication des salariés, toujours plus déstabilisantes et délétères.
Danièle Linhart décrypte la capacité patronale à faire renaître, sans cesse, sa domination, afin de préserver, voir sublimer, un lien de subordination qui devient de plus en plus personnalisé et intrusif, et qui compromet toute capacité collective des salariés à s'emparer des véritables enjeux du travail. Des DRH "bienveillants" et préoccupées du "bonheur" de leurs salariés aux "entreprises libérées" par leur leader, en passant par l'esprit start-up et l'offre éthique, l'auteure analyse tous ces faux-semblants des innovations managériales qui paralysent l'intelligence collective.
SUGGESTIONS
Du même auteur
Raconter le travail d'hier et d'aujourd'hui : du récit collectif à l’expression de la souffrance individuelle ?
Les nouveaux corps du capitalisme
La comédie humaine du travail : de la déshumanisation taylorienne à la sur-humanisation managériale
"Le management taylorien et l'entreprise moderne ont les mêmes finalités"
La modernisation des entreprises