Le télétravail soulève des enjeux de santé physique et mentale pour les salariés et d'appropriation pour les équipes. L'auteure rappelle que les travaux de recherche montrent que le télétravail est associé à une intensification du travail et un allongement du temps de travail. Elle met en cause le poids des représentations du télétravail et de la culture organisationnelle : les salariés au télétravail sont susceptibles d'éprouver un sentiment de culpabilité, considérant le télétravail comme un privilège de pouvoir échapper à certaines contraintes. Le déploiement du télétravail requiert une transformation de la conception du travail et de son organisation au sein des structures. Le télétravail généralisé doit être encadré dans le respect de la santé et de la qualité de vie au travail en veillant dans son déploiement à co-concevoir et expérimenter cette nouvelle modalité de travail, à évaluer l'organisation et les conditions de télétravail. Le télétravail implique de transformer les normes et les cultures au sein des collectifs de travail, des lignes managériales. L'auteure évoque le recentrage du rôle de manager de proximité sur des enjeux d'animation, d'organisation des activités d'équipe, de jonction inter-équipes, de valorisation du travail réel pour qu'il soit connu et reconnu.
L'analyse d'Émilie Vayre porte également sur le télétravail et les conditions d'articulation des différentes sphères de vie au regard du genre. Les effets du télétravail sur la charge de mentale, la fatigue et la santé sont différents pour les mères actives et les hommes qui portent moins les charges familiale et domestique. Elle conclut sur la nécessité de penser le télétravail au prisme des équilibres de vie et de l’égalité femmes-hommes pour qu'il ne soit contre-productif pour l'organisation et les équipes.