LEDERLIN, Fanny. Télétravail : un travail à distance du monde.
Esprit n° 11, 11/2020, p. 35-45
le télétravail s’est imposé en quelques mois comme le moyen efficace de maintenir une partie de l’activité économique durant la crise, et comme une pratique viable, durable et même confortable pour des millions de travailleurs dans le monde. Mais, au-delà de ces bénéfices immédiats, quel rapport aux autres, à nous-mêmes et, en définitive, au monde, cette modalité de travail instaure-t-elle ? Cette réflexion critique vise à ouvrir le débat.
Paré de ces vertus, le travail distant – "I work remote", disent les Anglo-saxons – se présente ainsi, aux yeux de la plupart des observateurs (médias, responsables politiques) comme des acteurs du travail (syndicats, patrons, salariés), non seulement comme une technique convaincante pour protéger, tout en maintenant leur activité, une partie des travailleurs – en priorité des cadres (70%), dans les secteurs de l’information, de la communication, de la finance et de la banque – mais aussi comme une pratique innovante, porteuse de bien-être individuel et même de progrès civilisationnel. Le problème est que ce télétravail surgi du chapeau risque de receler quelques truquages.
L'auteure construit son propos autour de 4 sujets : une modalité de travail pas si récente, la disparition des corps, l'aliénation et la dispersion des télétravailleurs.
https://shs.cairn.info/revue-etudes-2020-11-page-35?lang=fr