BOYER, Robert, SAILLARD, Yves. Théorie de la régulation. L'état des savoirs.
Éditions La Découverte, 1995, 568 pages
La théorie de la régulation s'oppose aux théories économiques dites "néoclassiques", elle s'est attachée à élaborer un ensemble de concepts et de méthodes permettant d'analyser aussi bien le changement structurel que les périodes de croissance rapide et plus ou moins régulière. On peut parler d'un programme de recherche bâti à partir de quatre hypothèses fondatrices. Tout d'abord la prise en compte des apports des disciplines voisines : histoire, sociologie, sciences politiques, et de certaines de leurs conclusions comme hypothèses de reflexion. Il faut considérer ensuite que la généralisation de ses notions de base, de ses outils et de ses résultats provient d'une intégration progressive, c'est pourquoi le présent ouvrage reprend l'état de la théorie après vingt ans de recherches portant sur des périodes, des pays et des thèmes qui se sont peu à peu élargis. La troisième hypothèse concerne l'historicisation des théories économiques : comme le rappelle R. Boyer dans sa présentation, "une approche historique fait dépendre l'avenir de l'effet largement inintentionnel des stratégies d'aujourd'hui". Enfin l'école de la régulation ambitionne d'expliciter avec le même ensemble d'hypothèses le plus grand nombre possible des faits issus des quarante dernières années.
Dans cet ouvrage d'exploration et de synthèse, sont rassemblées les contributions de quarante-cinq auteurs, aux spécialisations, méthodologies et centres d'intérêt divers, qui permettent de saisir les implications des recherches françaises, européennes mais aussi américaines et japonaises. Outil pédagogique et de connaissance, le lecteur pourra suivre le parcours logique de l'ouvrage à l'aide de la table des matières, ou voyager à partir de l'index thématique au travers des différents chapitres. La première partie présente une rétrospective des influences intellectuelles qui ont inspirées la théorie, sont ensuite présentés (deuxième partie) les origines, le contenu, l'impact et les enjeux théoriques associés aux cinq formes institutionnelles à la base des régimes d'accumulation et modes de régulation (la monnaie, le rapport salarial, les formes de la concurrence, les régimes internationaux, l'Etat). Les trois parties suivantes vont appliquer ces notions à des questions relevant de la macro-économie, à l'étude des transformations contemporaines des niveaux de régulation (les territoires, les secteurs, l'écologie, l'Europe), et aux contrastes entre les trajectoires nationales (pays européens, de l'Est, en développement). Le dernier chapitre fournit une présentation synoptique de l'évolution des notions de base de la théorie de la régulation.