Les conditions de travail des salariés de moins de 30 ans présentent des spécificités marquées. Bien que les jeunes salariés ne constituent pas un groupe homogène en matière de conditions de travail, leur situation par rapport à leurs aînés reste spécifique, même à niveau de diplôme, genre ou catégorie socioprofessionnelle équivalents. En 2019, les moins de 30 ans sont davantage exposés que leurs aînés de 30 à 49 ans à l’insécurité professionnelle, aux contraintes physiques et au manque d’autonomie. En matière d’autonomie, les jeunes se trouvent davantage dans des situations où ils doivent appliquer strictement des consignes sans pouvoir faire autrement, solliciter d’autres personnes pour résoudre des incidents ou répéter les tâches prescrites. Ces situations peuvent refléter une position apprenante mais aussi le manque de confiance accordée par les employeurs.
Les jeunes sont plus fréquemment exposés à des conditions de travail physiques éprouvantes : gestes douloureux ou fatigants, station debout prolongée ou autres postures pénibles, port de charges lourdes, contact avec des produits dangereux. Ces expositions traduisent leur forte présence dans des métiers physiquement exigeants, souvent occupés en début de carrière, et renvoient au fait que les jeunes, en meilleure santé, peuvent davantage assumer ces tâches pénibles.
À l’inverse, pour certaines dimensions des conditions de travail, les jeunes apparaissent relativement protégés. Ils sont moins exposés aux conflits de valeurs, aux rapports sociaux dégradés et à un manque de reconnaissance. Concernant les premiers, les jeunes éprouvent davantage que les salariés plus âgés la fierté du travail bien fait, ils sont moins souvent amenés à faire des choses qu’ils désapprouvent ; enfin, pour effectuer correctement leur travail, ils disposent plus souvent de suffisamment de temps, d’informations, de formation ou de l’appui de collègues. En matière de rapports sociaux, ils se sentent davantage aidés par leur supérieur hiérarchique et leurs collègues en cas de difficulté et travaillent moins souvent seuls. Ils vivent aussi moins de situations de tension avec leur hiérarchie et leurs collègues. Ils se sentent aussi davantage reconnus : ils trouvent meilleures leurs perspectives de promotion au regard de leurs efforts et estiment plus fréquemment que les personnes qui évaluent leur travail le connaissent bien.
Une partie de ces écarts s’expliquent par les caractéristiques individuelles et les conditions d’emploi des jeunes relativement à leurs aînés, en particulier par des différences d’ancienneté dans l’établissement et de métier occupé.
Pour les dimensions de contraintes horaires, d'exigences émotionnelles et d'intensité du travail, l’écart moyen entre jeunes et plus âgés est faible, voire nul. Toutefois, les jeunes sont davantage soumis que leurs collègues plus âgés à des contraintes spécifiques d’organisation du travail dans la gestion de leur temps et de leurs tâches : horaires plus souvent variables, moins fréquemment connus à l’avance et ménageant moins régulièrement 48 heures consécutives de repos par semaine.
Les conditions de travail des jeunes varient fortement selon le genre, le niveau de diplôme ou la catégorie socioprofessionnelle. Les jeunes hommes subissent, notamment, davantage de contraintes physiques, mais dans toutes les autres dimensions, ce sont les jeunes femmes qui sont davantage exposées. Elles sont bien plus confrontées aux exigences émotionnelles. Ces écarts de conditions de travail entre niveaux de diplôme et genres traduisent pour partie des différences de professions et de postes occupés.