Les cadres sexués du travail émotionnel dans la relation thérapeutique en physiothérapie
11/2014
Cet article s'appuie sur une recherche menée par entretiens qui a étudié, dans une perspective de genre, des expériences professionnelles dans lesquelles une(e) physiothérapeute juge que la sexualité menace ou perturbe le cadre thérapeutique, et les stratégies adoptées en conséquence pour préserver ou rétablir ce cadre. Pour analyser ces situations, les auteures mobilisent et revisitent l’approche des défaillances ordinaires (ambiguïté et erreur de cadrage) de Goffman. Elles montrent que les défaillances de cadre étudiées sont sexuées : les attentes et les appréciations face aux risques encourus par les physiothérapeutes, de même que leurs conséquences en termes de stratégies d’évitement sont différenciées en fonction de leur appartenance sociale de sexe. Les femmes physiothérapeutes doivent être attentives à définir et conserver leur rôle professionnel. Les conditions de travail des femmes physiothérapeutes sont objectivement plus risquées que celles des hommes, au moins sous l'angle d'un défaillance de cadre. Dés lors, les femmes physiothérapeutes doivent déployer un important travail émotionnel afin de cadrer la relation et le patient, en ne provoquant pas le patient, en gardant une attitude empathique et professionnelle y compris lorsqu'elles sont victimes de sexisme. Ce travail est rendu en grande partie invisible car il est considéré comme un professionnalisme normal.