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Horaires atypiques de travail : les femmes peu qualifiées de plus en plus exposées

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Contient : 4 pages ; n°599

Exploitant les résultats des enquêtes Conditions de Travail 2013 et 2019, les auteures mettent en évidence que l'exposition aux horaires atypiques de travail s'est recomposée au cours de la dernière décennie, au détriment des femmes peu qualifiées qui travaillent plus souvent le samedi et le dimanche. La part de femmes exposées à ce type d’horaires a augmenté au cours de la dernière décennie contrairement à celle des hommes. Au-delà des horaires décalés, les ouvrières et employées non qualifiées font aussi plus souvent face à des journées discontinues (périodes de travail séparées d'au moins trois heures) et des horaires imprévisibles (connus un jour à l'avance ou moins). Ce groupe des "petits temps fragmentés et horaires imprévisibles" rassemble 18% des salariés. Les femmes sont désormais proportionnellement plus nombreuses que les hommes à travailler avec des horaires atypiques (37% contre 35%) même si elles n’effectuent pas les mêmes types d’horaires. Les hommes restent proportionnellement plus nombreux à travailler tôt le matin, le soir et surtout la nuit, mais leur exposition aux horaires atypiques tend à se réduire sur la période. À l'inverse, les cadres connaissent une relative normalisation de leurs horaires de travail, avec un recul des horaires atypiques, mais aussi des horaires imprévisibles et variables. La part des femmes cadres en horaires atypiques a diminué de 23% entre 2013 et 2019 tandis qu’elle a augmenté de 11% pour les ouvrières non qualifiées.
L'exacerbation des différences sociales en matière d’horaires de travail, en particulier chez les femmes, semble résulter de la conjonction de deux phénomènes. D'une part, les politiques de conciliation du travail et de la famille mises en œuvre dans les grandes entreprises depuis le milieu des années 2000 ont pu contribuer à améliorer les conditions de travail des plus qualifiés, notamment des femmes, également ciblées par les dispositifs d’égalité professionnelle. D'autre part, les femmes peu qualifiées sont surreprésentées dans les métiers du commerce et de la distribution, où le travail dominical a progressé (vendeuse, agent de nettoyage, ou personnel polyvalent qui se développe avec l’automatisation des caisses), ainsi que dans les métiers du soin et des services à la personne (aide-soignante, aide à domicile, aide-ménagère), où les horaires atypiques sont structurels et peu sujets à amélioration.