Les auteurs analysent la gestion de l'emploi pendant la période de crise singulière de 2020 et montrent l'hétérogénéité de la gestion de l’emploi dans ce contexte de crise, qui s’appuie sur des usages différenciés des politiques publiques, mais aussi sur les ressources propres des entreprises. Leur exploration s’appuie sur une base de données originale, qui combine des informations sur les ajustements réalisés suite à l’annonce du premier confinement et des données sur la situation des entreprises avant le déclenchement de la crise sanitaire. Après avoir défini un cadre d’analyse théorique centré sur la flexibilité en temps de crise, on présente une typologie des stratégies d’entreprises :
Un premier groupe d’établissements (finance, recherche et développement et dans l’éducation) utilise massivement le télétravail en réaction au premier confinement : 75% de ces établissements déclarent que la plupart des salariés sont en télétravail.
Le second groupe d’établissements (construction et hôtellerie-restauration) a principalement recours au chômage partiel pour s’adapter au confinement. Dans 70% des établissements, la plupart des salariés sont en chômage partiel, et le recours au télétravail apparaît très limité.
Le troisième groupe d’établissements (industries "low tech", commerce et santé) correspond à ceux qui ont conservé la plus grande partie de leur main-d’œuvre sur site pendant le premier confinement. 81% d’entre eux déclarent que la majorité de leurs salariés travaillent sur site en mars 2020. Le télétravail y est peu répandu, de même que le chômage partiel.
Le quatrième groupe d’établissements (transports et services peu qualifiés), plus petit que les précédents, se caractérise par un usage important de la flexibilité numérique : 71% des établissements n’ont pas renouvelé certains contrats temporaires, 67% ont annulé ou repoussé des recrutements, et quelques-uns ont même réduit les contrats permanents.
Le cinquième groupe d’établissements (industrie, EPI) combine un ensemble de stratégies en réponse au premier confinement. 38% des établissements ont des travailleurs sur site, 53% ont des salariés en télétravail, et 36% des salariés en chômage partiel. En revanche, ils n’ont pas recours à la flexibilité externe et l’emploi est stable.