
Conflits du travail et rémunérations. Quelles relations dans les établissements ?
02/2024
En France, dans les établissements de plus de 10 salariés du secteur privé non agricole, les conflits du travail prennent différentes formes, dont la grève est une figure plutôt rare.
Les conflits du travail sont distingués de manière statistique en cinq groupes : ils sont caractérisés par la fréquence et la nature des conflits du travail, ou par leur absence. La nature des conflits apparaît corrélée à la politique de rémunération des établissements. Plus la conflictualité est intense, multiforme et durable, plus le niveau de rémunération horaire y est élevé. Des disparités significatives existent même à caractéristiques sociodémographiques, productives et économiques comparables même s’il n’existe pas de différences significatives des taux d’évolution de la rémunération horaire brute selon l’existence de conflits et de négociations salariales. Cette corrélation entre niveaux de conflictualité et de rémunérations horaires, qui ne préjuge en rien d’une éventuelle causalité entre les deux, concerne d’abord les établissements dans lesquels les hommes sont majoritaires. Ce résultat souligne un lien inégal de la conflictualité avec le niveau de rémunération horaire brute selon la composition sexuée des établissements, qui s’explique sans doute pour partie par le fait que les établissements où les salariés sont majoritairement des hommes sont aussi ceux où les négociations salariales sont les plus fréquentes.
L'auteur n'observe pas de différence marquée entre les deux sexes dans la propension à entrer durablement en conflit. En revanche, l’impact des conflits portant sur les rémunérations est moindre et moins visible dans les entreprises où les femmes sont majoritaires. Ce lien entre conflictualité et rémunération, pointé de manière positive dans les établissements où les hommes sont majoritaires, s’avère pénalisant en cas de conflits collectifs plus courts et perlés parmi des effectifs plus féminisés.
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