Ce numéro vise à recueillir des travaux de recherche qui appréhendent les enjeux managériaux et organisationnels des secteurs de l’éducation et de la formation en France et à l’international. Depuis quelques années, les secteurs de l’éducation et de la formation vivent de profondes mutations. Des écoles jusqu’aux organismes de formation professionnelle et continue sont confrontés à une multiplication des défis stratégiques, organisationnels et managériaux amplifiés par les innovations technologiques (enseignement à distance, IA, etc.). Quel que soit le niveau de formation et le secteur (public, privé, …), les organisations sont soumises à de plus en plus de contraintes issues tant du droit que de la « softlaw ». Les certifications qualité se multiplient et avec elles leur cortège de normes, d’indicateurs, de tableaux de bord, d’audits… La concurrence entre les organismes se fait de plus en plus rude
Ce numéro se compose de quatre articles de recherche et deux points de vue.
L’étude menée par Philippe Lépinard interroge l’impact de l’intercréativité (David, 2014) sur le flow individuel et collectif en contexte ludopédagogique. À travers des expérimentations menées avec différents niveaux d’étudiants, l’auteur montre que l’intercréativité favorise le développement du flow d’équipe (Van den Hout & al., 2018), même en l’absence d’un flow individuel complet (Heutte & al., 2021).
L’article de recherche de Bénédicte Berthe et Sylvie Codo examine les effets des conflits de valeurs sur l’épuisement professionnel et l’intention de changer de métier chez les enseignants du secteur public. En s’appuyant sur une méthodologie quantitative basée sur 625 questionnaires, les auteures analysent deux situations génératrices de conflits : l’accueil d’élèves en situation de handicap et l’évaluation via Parcoursup. Les résultats de cette étude montrent que la culpabilité joue un rôle médiateur entre les conflits de valeurs et l’épuisement professionnel, influençant ainsi l’intention de reconversion professionnelle. De son côté, Christophe Bonnet explore le mal-être au travail (MET) chez les professeurs de lycées publics en France à travers une analyse qualitative de vingt-deux récits de vie professionnelle. Le MET est conceptualisé comme la privation de biens naturellement dus dans la relation de travail. L’étude met en évidence la responsabilité organisationnelle dans sa prévention et propose une approche originale intégrant une dimension philosophico-spirituelle, permettant de formuler des recommandations managériales actionnables. Le dernier article de Nikolaz Le Vaillant et Marc Dumas publié en langue anglaise présente les résultats d'une étude exploratoire qui analyse l’évolution du rôle des managers liée à l’utilisation des plateformes numériques de bien-être au travail en contexte de télétravail. À partir de 60 entretiens semi-directifs avec des acteurs de la santé au travail, les résultats de cette recherche montrent une transformation du contrôle managérial, marqué par un glissement vers l’autocontrôle et l’auto-management des salariés. Parallèlement, la gestion émotionnelle et la prévention des risques psychosociaux deviennent des dimensions centrales du rôle managérial.