
Management algorithmique et dépendance économique d’une main-d’œuvre racisée. Les chauffeurs Uber à Paris, Londres et Montréal
07/2025
Alors que les chauffeurs Uber sont des travailleurs indépendants présumés qui bénéficient théoriquement d’une forte autonomie au travail, ils se voient soumis à une nouvelle forme de contrôle exercé par la plateforme. Le management algorithmique combine des instruments de pouvoir relevant de la logique disciplinaire et de la logique gouvernementale pour orienter leurs comportements. S’appuyant sur une enquête réalisée auprès de chauffeurs à Paris, Londres et Montréal, cet article s'intéresse à la manière dont se manifeste concrètement ce management algorithmique, les ressorts de son efficacité, mais également les résistances que les chauffeurs sont susceptibles de lui opposer. Il démontre ainsi que son efficacité ne repose pas tant sur les caractéristiques techniques des dispositifs mis en œuvre que sur la dépendance économique des chauffeurs à la plateforme. Alors qu’ils sont entrés dans le métier pour bénéficier de rémunérations élevées et pour accéder à l’indépendance, ils sont contraints aux durées extensibles de travail et aux horaires atypiques s’ils veulent maintenir leur niveau de rémunération et doivent se soumettre aux exigences du client roi s’ils ne veulent pas perdre leur principale source de revenu.
SUGGESTIONS
Du même auteur
UberUsés. Le capitalisme racial de plateforme à Paris, Londres et Montréal
De l'indépendance des chauffeurs haut de gamme à la dépendance des chauffeurs des applis
Le nouvel esprit du salariat : rémunérations, autonomie, inégalités
Autonomie masculine, précarité féminine. Les représentant.e.s de commerce face au salaire à la commission
Travail et automatisation des services : la fin des caissières ?