
Devenir ingénieur·e écologiste : l’engagement écologiste par et dans le travail d’ingénieur·e
01/2025
Cet article vise à comprendre les ressorts et les effets d’un engagement écologique des ingénieur·es par et dans leur travail. La forte visibilité des ingénieur·es dans les mouvements écologistes récents interroge, car iels ont la caractéristique d’être peu politisé·es et de se tenir à distance des grandes questions de société et des mondes militants. L’engagement écologique des ingénieur·es reste bien souvent ancré dans une expertise qui leur est propre, comme le montrent l’émergence du mouvement low tech ou la création d’organisations à la lisière du militantisme et de la recherche-action. L’article analyse les raisons de l’engagement écologique des ingénieur·es par le travail, à la fois idéologiques — congruence du cadrage contemporain d’écologie, centré sur l’expertise et l’enjeu énergie-climat, avec la pensée d’ingénieur·e —, organisationnelles — développement de métiers d’ingénieur·es découlant de l’internalisation relative des contraintes écologiques par les entreprises — et issues de l’activité de travail — critique de la déqualification et de l’aliénation croissante du travail d’ingénieur·e, souvent synthétisé par la formule de « perte de sens du travail ». Il analyse la difficile émergence d’un espace professionnel autonome des ingénieur·es écologistes. Le cas extrême des ingénieur·es de par leur faible engagement politique permet d’éclairer les interactions entre travail et engagement dans les classes supérieures diplômées.