Benchmarking working Europe 2025. Quality jobs for sustainable competitiveness
06/2025
Le thème de l’édition 2025 de Benchmarking Working Europe est « Des emplois de qualité pour une compétitivité durable ». En passant en revue les évolutions récentes dans des domaines d’intérêt stratégique pour le mouvement syndical et relevant de l’expertise de l’ETUI, cette édition examine si le programme politique émergent et les cadres politiques européens existants dans lesquels il sera mis en œuvre sont susceptibles de concilier les différentes dimensions du développement durable, tout en soulignant les risques économiques et politiques encourus.
Le chapitre introductif est consacré à la politique industrielle. Il soutient que la pandémie de Covid-19, la crise énergétique, les tensions géopolitiques et, désormais, l’escalade des tensions commerciales ont révélé certaines faiblesses de la stratégie industrielle européenne axée sur le marché.
Le chapitre 1 analyse l'évolution de la macroéconomie et des politiques macroéconomiques en Europe en 2024 et début 2025. Il met en lumière la faiblesse persistante des investissements en Europe et la réponse excessive à la demande extérieure au détriment de la demande intérieure, une tendance confortée par la faible croissance des salaires réels observée ces dernières années. Ces évolutions sont liées à une faible croissance de la productivité.
Le chapitre 2 soutient que, pour être durable, la compétitivité doit également être socialement viable. Les auteurs analysent les principales évolutions et tendances des indicateurs clés du marché du travail, notamment les taux d'emploi et de chômage, les mutations sectorielles de l'emploi et les caractéristiques du chômage atypique et de longue durée. L'augmentation globale de l'emploi et la baisse du chômage sont des signes encourageants pour la reprise post-pandémique des marchés du travail dans l'UE. Toutefois, les inégalités d'emploi entre les femmes et les hommes persistent, de même que les taux alarmants de chômage de longue durée ou de chômage des jeunes dans certains États membres. Ces inégalités constituent à la fois un problème d'équité sociale et une source d'inefficacité économique, et entravent une compétitivité durable.
Le chapitre 3 montre que, malgré un contexte politique et économique instable, l’évolution négative des salaires réels observée au cours des trois années précédentes s’est inversée en 2024, permettant aux travailleurs de l’UE de regagner une partie de leur pouvoir d’achat. Toutefois, globalement, les salaires réels en 2024 restaient inférieurs aux niveaux d’avant la pandémie.
Le chapitre 4 est consacré à la prévention et à l’élimination des risques psychosociaux liés au travail (RPS), non seulement pour protéger les travailleurs, mais aussi comme fondement stratégique du renforcement de la résilience économique de l’UE. Cette approche s’inscrit dans la vision politique de la Commission européenne pour 2024-2029, qui souligne que la compétitivité durable ne peut être atteinte sans accorder la priorité au bien-être des travailleurs. À partir de données d’enquête, ce chapitre identifie les principaux RPS – tels que la surcharge de travail, la précarité de l’emploi, les horaires à rallonge et les relations de travail conflictuelles – et révèle leur répartition inégale selon les pays, les secteurs et les groupes ; ils affectent particulièrement les femmes, les travailleurs âgés et les personnes occupant des emplois précaires ou peu qualifiés. Par ailleurs, le chapitre examine de manière critique comment la numérisation, souvent présentée comme un levier d’efficacité, peut aggraver les RPS par une surveillance accrue, une perte d’autonomie et une connectivité permanente – notamment pour les travailleurs indépendants et les travailleurs des plateformes numériques.
Le chapitre 5 examine les craintes que les politiques de décarbonation ne mettent en péril les emplois industriels et n'accentuent la désindustrialisation. Il démontre que ce n'est pas nécessairement le cas, même si la croissance de l'emploi dans les principaux secteurs des énergies propres demeure modérée et que, qualitativement, les nouveaux emplois verts sont souvent précaires.
Le chapitre 6 analyse les évolutions récentes du dialogue social, du reporting de durabilité des entreprises, de la représentation des salariés au sein des conseils d'administration et de l'implication des syndicats dans le contexte de la politique de compétitivité et industrielle de l'UE. Il met en lumière les principaux défis auxquels est confronté le dialogue social, en constatant que les attentes suscitées par la première Commission européenne d'Ursula von der Leyen n'ont pas été satisfaites, les discussions, qu'elles soient tripartites ou autonomes, n'ayant abouti à des résultats concluants.


