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Horaires décalés : salariés à contretemps

Article
Contient : pp. 25-41

Depuis deux siècles, la durée du travail s’est considérablement réduite. De 3000 heures pendant les premières décennies du XIX siècle, elle n’est plus que de 1600 heures par an vers 1990. Conséquence des lois Aubry sur la réduction du temps de travail (RTT) en 1998 et 2000, elle avoisine à présent les 1550 heures. Les caractéristiques des horaires n’évoluent pas pour autant, dans un sens aussi favorable que la RTT. Les horaires atypiques se sont développés. La proportion des salariés travaillant la nuit s’est accrue, le travail le week-end s’est étendu, le temps partiel s’est imposé de façon plus intensive dans certains secteurs. Les femmes sont davantage concernées par ce phénomène, elles sont aussi plus nombreuses que les hommes à travailler en deux équipes alternantes. Ces horaires à contretemps ont des effets délétères sur la santé et la vie sociale car, ils amoindrissent la qualité de vie des salariés et perturbent l’équilibre familial. La RTT s’est aussi accompagnée d’une densification du travail qui s'est traduite par une baisse des temps de récupération, une moindre maîtrise de l’organisation et de fortes contraintes de temps imposées par la machine et le client . L’horaire, à lui seul, ne peut rendre compte de la pénibilité d’un poste. Le contenu du travail est aussi important que les heures auxquelles on l’effectue. Les entreprises font encore trop rarement le lien entre les deux. Pourtant, c’est le seul moyen de ne pas aggraver les contraintes pesant sur les salariés.