Le droit d'expression : un héritage des lois Auroux
Les lois Auroux ont marqué la vie sociale. S'appuyant sur l'instauration du droit d'expression, elles avaient pour ambition de créer et de renforcer le dialogue social, de développer la négociation collective et de revivifier la politique contractuelle. Trente ans après, le mouvement de modernisation du dialogue social, engagé avec la loi sur la représentativité, l'accord national interprofessionnel sur la sécurisation de l'emploi et la négociation sur la qualité de vie au travail renouvellent l'intérêt pour le droit d'expression. Les contributeurs de ce dossier analysent les avancées permises par les lois Auroux. M. Tracol, historien, revient sur ce qu'ont représentées les lois Auroux dans le contexte de l'époque. Il montre comment elles ont permis d'ancrer le fait syndical dans l'entreprise. Elles n'ont pas été remises en cause depuis lors. J. Auroux et H. Garnier de la CFDT dialoguent sur la force de ces lois. Ils insistent sur la nécessité de faire vivre le droit d'expression sur la base des revendications des individus sur leur travail. L'enjeu est d'obtenir une adéquation entre le dialogue social, les IRP et le vécu des salariés. A titre d'exemple, la CFDT du Crédit Agricole d'Ile de France a mené une expérimentation en faisant vivre le droit d'expression auprès des directeurs d'agence, en redonnant sa place au management de proximité tout répondant au mieux aux attentes et aux vécu des salariés. La CFDT propose de repenser le dialogue social et ses instances afin que l'entreprise soit un lieu de conciliation réelle de l'économique et du social. M. Grignard, responsable CFDT de l'évolution des règles du dialogue social et de la politique en direction des IRP, explique que le premier enjeu de cette rénovation est de faire du dialogue social un des rouages de la gouvernance des entreprises. Il s'agit là de rééquilibrer la place des salariés, en intégrant à la fois des enjeux sociaux, des enjeux de pérennité et de développement de l'entreprise.