
Tiers lieux : une émancipation en actes ?
Depuis une dizaine d’années, les lieux de partage de machines numériques, d’outillage, mais également de savoirs et de savoir-faire techniques se multiplient en France. Qu’ils soient portés par des institutions officielles (universités, centres de médiation, de culture scientifique technique et industrielle, collectivités locales, etc.) ou des associations indépendantes ; qu’ils affichent des buts lucratifs, des engagements politiques libertaires, des objectifs éducatifs ou se constituent avant tout en espaces ludiques, ces lieux collaboratifs sont souvent présentés comme propices au développement d’innovations sociales variées, s’efforçant de repenser la technique et le collectif et, surtout, de les mettre en œuvre. Fablabs, hackerspaces, makerspaces, hacklabs, living labs, tiers lieux ou repair cafés, la labellisation de ces lieux est luxuriante.
Ce numéro de Sociologies Pratiques contribue au recensement et à la caractérisation de la diversité des lieux, mais aussi des pratiques et des alliances d’acteurs qui s’y déploient.
Les entretiens réalisés avec les acteurs (Matéi Gheorghiu, Julien Bellanger, Évelyne Lhost) qui ont accepté d’être interviewés dans ce numéro travaillent ces questions de l’émancipation, du collectif, des bonnes manières de nommer les activités réelles et des usages rhétoriques et stratégiques du langage vis-à-vis de l’extérieur, en particulier des financeurs potentiels.