
Quelle place pour les syndicats dans le nouveau modèle social ? (dossier)
03/2019
Ce nouveau numéro de droit social cherche à identifier la nouvelle place occupée par les syndicats dans le nouveau modèle social. Le syndicalisme est en crise : baisse régulière des adhésions, adhérents qui militent moins, vieillissement de la population syndiquée, arrivée tardive des moins de 30 ans dans la vie active. Le changement social contraint les corps intermédiaires à se renouveler en profondeur dans un contexte marqué par l'avènement du numérique.
Jean-Marc Béraud, agrégé des facultés de de droit - Conseiller honoraire, chambre sociale de la Cour de cassation, s'intéresse au système de représentions français. Historiquement marqué par des compromis, des hésitations, voire des contradictions entre représentation élue et représentation syndicale, il est porteur d'ambiguïtés susceptibles de générer des difficultés, rivalités et conflits. Selon Paul-Henri Antonmattei, professeur à l'université de Montpellier, la place du référendum fait débat. En matière de négociation collective, le référendum ne saurait concurrencer le jeu des syndicats représentatifs. Pourtant comme le souligne Pascal Lokiec, professeur à l'Ecole de droit de Paris 1, il est très en vogue dans les entreprises. Aurélie Cormier Le Goff et Judith Krivine, toutes deux avocates, exposent les raisons qui conduisent les entreprises et les organisations syndicales à décider ou non de négocier et conclure des accords sur le CSE. Donner un avenir à la démocratie interpelle les corps intermédiaires qui doivent remettre en questions leurs pratiques. Le syndicalisme en est un sur lequel on devrait pouvoir compter, souligne Marc Grignard, président d Confrontations Europe et co-président du comité d'évaluation des ordonnances travail. La communication syndicale doit se moderniser pour être entendue dans un environnement en transformation (Pierre Boullier, fondateur de Young and Connected, co-fondateur de Human Motion). Une vraie question de fond demeure quant au renforcement du dialogue social en France. Selon Jean-Christophe Sciberras, directeur des relations sociales et de l'innovation sociale et DRH France du groupe Solvay, l'entreprise a besoin d'un dialogue social conçu dans une double dimension : l'écoute et la co-construction. Pour résoudre la crise des vocations, des pistes sont proposées. Elles reposent sur l'accompagnement de la dynamique social par la formation et la reconnaissance de ses acteurs et par la valorisation de meilleures pratiques (Jean-Dominique Simonpoli, directeur général de Dialogues, Gilles Gâteau, dirigeant en ressources humaines).