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Vignette document Âge légal de départ en retraite et absences maladie : quels effets du passage à 62 ans en 2010 ?

En repoussant de deux ans l'âge minimum de liquidation de pension ou âge d'ouverture des droits (report de 60 à 62 ans), l'ambition de la réforme des retraites de 2010 a été de réduire la charge des pensions et d'augmenter le taux d'activité des seniors, limitant ainsi le déficit des caisses d'assurance-retraite. Mais alors que ce type de réforme entend encourager l'emploi des seniors, plusieurs études montrent qu'une hausse de l'âge légal de départ à la retraite engendre dans le même temps l'augmentation du chômage des seniors après 60 ans ou de l'invalidité en fin de carrière.
Ce numéro s'intéresse à un autre effet indirect à partir des données de la base administrative Hygie (2005-2015) : l'augmentation des absences pour maladie des seniors. Les résultats montrent que le report de l'âge légal de départ en 2010 a effectivement entraîné une augmentation significative des arrêts-maladie, et ce, pour l'ensemble de la population, mais avec des effets différencié selon le genre. La fréquence des arrêts maladie après 60 ans s'est élevée de 1,7 point de pourcentage, soit + 1,031 jour/an. Cet effet est plus prononcé pour les femmes, mais surtout pour les individus en mauvaise santé. Le passage de 60 à 62 ans a ainsi mené à une plus forte probabilité d’arrêt pour ceux ayant connu des absences maladie de longue durée par le passé (+2,2 points de pourcentage contre +1,2 pour les autres, et +1,8 jour d’arrêt maladie). En cas de nouveau décalage de l’âge de départ, les auteurs préconisent que des mesures soient prises pour laisser aux salariés fragilisés la possibilité d’accéder à la retraite plus tôt (qu’ils aient commencé tôt leur carrière ou qu’ils aient eu des métiers pénibles), sachant que les dispositifs actuellement en vigueur "semblent insuffisants, et doivent être renforcés". Ils recommandent également des mesures préventives en accompagnement. Parmi elles, l’amélioration des conditions de travail pour préserver la santé des salariés. Réserver les postes les moins pénibles aux seniors est aussi une mesure d’accompagnement envisageable et qui pourrait par ailleurs s’accompagner d'un assouplissement du temps de travail des seniors, assouplissement qui pourrait prendre la forme de durées hebdomadaires de travail diminuées grâce au temps partiel ou encore à la possibilité de départ progressif à la retraite.