L'engagement syndical

Dossier

Publié le Lundi 06 novembre 2017

MAJ 10/2025. Ce dossier fait le point sur le paysage syndical dans les entreprises et la fonction publique françaises, les profils des salariés syndiqués et représentants du personnel, sur la base de données statistiques de la cellule d’enquête statistique et de recherche du ministère du Travail. Il s'intéresse également à la discrimination syndicale.

Cinq organisations représentatives

D'après les mesures d’audience des organisations syndicales réalisées en 2025 par les services du ministère du Travail, auprès de 5,1 millions de suffrages exprimés lors des élections professionnelles, la CFDT est le syndicat le plus représenté dans les entreprises devant, et dans l'ordre, la CGT, FO, la CFE-CGC et la CFTC.

Qui sont les salariés syndiqués et les représentants du personnel ?

Plusieurs études de la Dares permettent de dessiner les profils des salariés. En 2019, 10,3% des salariés déclarent adhérer à une organisation syndicale, 11% des hommes et 9,5% des femmes, 18,4% des agents et fonctionnaires et 7,8% dans le secteur privé (Pignoni, 2023). Selon les statistiques de syndicalisation des salariés en France de 1949 à 2019, l'engagement syndical augmente avec l'ancienneté : 14,6% des salariés syndiqués sont âgés de plus de 50 ans, plus que les quadragénaires (12,6%) et les trentenaires (8,1%) au contraire des jeunes sont très peu syndiqués (2,7%). Ces données permettent également d'observer le recul progressif de la place des organisations syndicales dans les entreprises : il s'élevait à plus de 30% dans les années 50.

En 2023, 35,8% des entreprises de 10 salariés ou plus du secteur privé non agricole sont couvertes par au moins une instance représentative du personnel. La présence des délégués syndicaux concerne 10,5% des entreprises (Pignoni, 2023).

Selon une autre étude de la Dares portant sur les représentants du personnel, en 2023, 601 000 salariés, soit environ 6% des effectifs des établissements privés de plus de 10 salariés, exercent un mandat d’élu ou de délégué syndical. Ce nombre est en baisse de plus de 4% par rapport à 2017.

La parité femmes-hommes parmi les représentants du personnel (RP) s’améliore, dans la mesure où les femmes constituent désormais 42% des RP, comme parmi l’ensemble des salariés ; elles restent néanmoins sous-représentées parmi les délégués syndicaux. Les RP se distinguent des autres salariés par un taux d’adhésion syndicale élevé (53%, contre 11% des salariés en moyenne (Pignoni, 09/2025).

Au sein de la fonction publique, en 2019, les cadres sont les plus syndiqués (20,8%), suivis des professions intermédiaires et des employés de la fonction publique, proches chacun de 18%. 16,1% des ouvriers du secteur public sont syndiqués. Dans le privé, en 2019, les professions intermédiaires (8,9%) et les ouvriers (8,4%) sont plus syndiquées que les cadres (8,9%), les ouvriers (8,4%) et les employés (6,5%).

Les secteurs les plus syndiqués

Le taux de syndicalisation de la fonction publique est de 18,4% en 2019. Trois familles de métiers sont traditionnellement fortement syndiquées : la sécurité et la défense, la formation, éducation, recherche ainsi que la technique, informatique, transports.

Dans le secteur privé, les salariés travaillant dans les activités financières et d’assurance sont 16,9% à adhérer à une organisation syndicale ; de même que dans le secteur des transports, deuxième secteur du privé le plus syndiqué en 2019 (16,5%). Dans l’industrie, qui représente moins d’un salarié sur cinq du privé en 2019, plus d’un salarié sur quatre est syndiqué (Pignoni, 2023).

La discrimination syndicale

46% des personnes syndiquées estiment avoir déjà été discriminées au cours de leur carrière en raison de leur activité syndicale, selon le 12e baromètre de la perception des discriminations dans l'emploi du Défenseur des droits et de l’Organisation internationale du travail auprès de 1 000 personnes représentatives de la population active, en 2019. Pour 51% d’entre elles, leur activité syndicale a représenté un frein à leur évolution professionnelle. Plus de quatre personnes syndiquées sur dix (43%) estiment que les relations avec leur hiérarchie se sont dégradées en raison de leur activité syndicale.
Les salariés syndiqués du secteur privé sont plus nombreux (50%) à déclarer avoir été discriminés en raison de leur activité que les agents du secteur public (40%).

La valorisation professionnelle des acquis du mandat syndical

Une étude du Centre d'études de l'emploi et du travail (CEET-CNAM) qui s'intéresse à la manière dont les compétences des élu·e·s peuvent être capitalisées et converties au terme de leurs mandats, montre que des solutions commencent à être expérimentées, mais que les réalisations sont peu nombreuses alors que beaucoup de mandatés arriveront rapidement en fin de mandat. Cette composante du dialogue social a besoin d’être davantage prise en charge et négociée dans les entreprises (Simonpoli, 2024).