2017, le paysage syndical français recomposé

Le Haut conseil du dialogue social a publié en mars 2017 la mesure de la représentativité syndicale auprès de plus de 5,6 millions de salariés. Établie désormais tous les quatre ans, elle désigne les confédérations représentatives au niveau national interprofessionnel. La CFDT est devenue le premier syndicat auprès des salariés du privé au niveau national, devant la CGT, selon le calcul de représentativité de la Direction Générale du Travail. 

Qui sont les salariés syndiqués ?

Selon une étude de la Dares qui examine l'activité syndicale, en 2013, 11% des salariés adhérent à une organisation syndicale. Parmi les salariés syndiqués, les femmes sont moins nombreuses que les hommes (41% pour 59%). Les salariés âgés de 50 ans et plus en représentent presque la moitié de ceux qui participent activement à l'activité syndicale et un salarié engagé sur quatre est ouvrier. Il y a plus de fonctionnaires syndiqués que de salariés du secteur marchand et associatif en termes de proportion. L’implication dans les activités syndicales, quant à elle, est plus intense chez ces derniers que chez les fonctionnaires.

Les évolutions de l’engagement des salariés syndiqués

Une autre étude de la Dares met en évidence qu'entre 1983 et 2013, la part des adhérents qui participe régulièrement aux activités syndicales a sensiblement baissé, dans un contexte de repli de la syndicalisation et où l’adhésion intervient de plus en plus tardivement dans la carrière. Le niveau d’engagement est plus intense chez les adhérents les moins diplômés.

L'engagement syndical reste "trop stigmatisé"

Les salariés syndiqués sont plus nombreux que les non syndiqués à exprimer un avis négatif sur les relations entretenues avec leur supérieur ou leurs collègues. Ils déplorent plus souvent un manque de considération et un manque d’aide ou d’écoute de la part de leurs supérieurs, 25% contre 17% des non-syndiqués (Pignoni, 2016).

Aujourd'hui encore, alors qu'il devrait être reconnu, l'engagement syndical est trop souvent stigmatisé (...) Se syndiquer instaure une méfiance, voire une défiance.

pointe le Conseil économique, social et environnemental dans l'avis "Repérer, prévenir, lutter contre les discriminations syndicales" publié en juillet 2017. Pour une partie des employeurs, l’engagement syndical est perçu comme incompatible avec le but ou la nature de l’entreprise.

Valoriser les mandats des instances représentatives du personnel

Face à l’insuffisance des dispositifs permettant de rendre plus attractif l’exercice de mandats et de responsabilités syndicales, Muriel Pénicaud a demandé à Jean-Dominique Simonpoli, expert en relations sociales, de lui proposer des solutions pour valoriser les compétences et les carrières des salariés syndiqués et des élus représentants du personnel. Ses préconisations remises en août 2017 visent à :

• valoriser les compétences acquises au cours d’un mandat
• et permettre aux salariés concernés de poursuivre leur carrière au sein de l’entreprise ou ailleurs.

Le fait syndical en entreprise : une feuille de route réformiste

Une note signée CFDT, UNSA et Terra Nova formule des propositions concrètes pour garantir l'efficacité et la légitimité des salariés syndiqués :

• accorder notamment davantage d’espace aux syndicats et à l’accord collectif
• poursuivre l’encouragement à la négociation d’entreprise,
• développer l’action des branches dans le soutien au dialogue social,
• développer le mandatement syndical accompagné,
• structurer les formations et les parcours syndicaux …
   

Allez plus loin

à voir

Présentation du rapport du CESE sur les discriminations syndicales "Repérer, prévenir et lutter contre les discriminations syndicales" par ses auteurs.

A lire

Comprendre l’engagement syndical, par Vincent Gay, octobre 2016

A écouter

Quel engagement syndical pour les jeunes ? France Culture 05/2015